Le 7 juin prochain, à l’occasion de la solennité du Très Saint Cœur de Jésus, sera célébrée la Journée Mondiale de Prière pour la Sanctification des Prêtres. Pour vous, nous avons extrait des paroles d’homélies du Saint Père pour qu’il nous aide à porter les prêtres dans notre prière.
Nous devons, en tant que prêtres, nous préparer à guider les autres fidèles, à aider leur foi à mûrir. Nous sentons que c’est nous qui, les premiers, devons ouvrir plus largement nos cœurs. Rappelons-nous les paroles prononcées par le Maître le dernier jour de la fête des Tentes, à Jérusalem : « Jésus, debout, lança à pleine voix : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive celui qui croit en moi !, conformément au mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive ». Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en Lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » ( Jn 7,37-39). Des fleuves d’eau vive peuvent aussi couler du prêtre, alter Christus, dans la mesure où il boit avec foi les paroles du Christ, en s’ouvrant à l’action de l’Esprit saint. De son « ouverture » à être signe et instrument de la grâce divine, dépend pour finir non seulement la sanctification du peuple qui lui a été confié mais aussi l’orgueil de son identité : « Le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie − je ne dis pas « jamais » car, grâce à Dieu, les fidèles nous « volent » l’onction −, perd le meilleur de notre peuple, ce qui est capable d’allumer la partie la plus profonde de son cœur de prêtre. Celui qui ne sort pas de lui-même, au lieu d’être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. Nous connaissons tous la différence : l’intermédiaire et le gestionnaire « ont déjà reçu leur récompense », et comme ils ne paient pas de leur personne, ni de leur cœur, ils ne reçoivent pas non plus un remerciement affectueux qui vient du cœur. De là vient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes, des prêtres tristes et convertis en une sorte de collectionneurs d’antiquités ou de nouveautés au lieu d’être des pasteurs pénétrés de « l’odeur des brebis » ̶ cela je vous le demande : soyez des pasteurs avec « l’odeur des brebis », que celle-ci se sente ; au lieu d’être des pasteurs au milieu de leur troupeau, et des pêcheurs d’hommes » (Homélie de la Messe chrismale, 28 mars 2013).
Collaborer avec le Christ à l’œuvre de transmission de la foi, c’est la tâche de tout chrétien qui se fait par le biais d’une coopération caractéristique de fidèles ordonnés et de fidèles laïques dans la sainte Église. Cet heureux devoir implique deux aspects profondément unis : le premier, l’adhésion au Christ, ce qui veut dire Le rencontrer personnellement, Le suivre, avoir un rapport d’amitié avec Lui, croire en Lui. Dans le contexte culturel d’aujourd’hui est particulièrement important le témoignage de la vie ̶ condition d’authenticité et de crédibilité ‒ qui fait découvrir comment la puissance de l’amour de Dieu rend efficace sa Parole. Nous ne devons pas oublier que les fidèles cherchent dans le prêtre l’homme de Dieu et sa Parole, sa Miséricorde et le Pain de la Vie.
Le second aspect du caractère missionnaire de la transmission de la foi consiste dans l’accueil joyeux des paroles du Christ, des vérités qu’elles nous enseignent, des contenus de la Révélation. Dans cette perspective, l’exposition ordonnée et organisée de la doctrine catholique, ancrée dans la Parole de Dieu et la longue et vivante Tradition de l’Église, constituera un instrument fondamental.
Nous devons nous engager en particulier à vivre et à faire vivre l’Année de la Foi comme une occasion providentielle pour comprendre, comme le dit Jean Paul II,que les textes laissés en héritage par les Pères conciliaires « ne perdent rien », « de leur valeur ni de leur éclat ». Et, continue le Pape, « il est nécessaire qu’ils soient lus de manière appropriée, qu’ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l’intérieur de la Tradition de l’Église. […] Je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande grâce dont l’Église a bénéficié au XXe siècle: il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence » (JEAN PAUL II, Lett. Ap. Novo millennio ineunte, 6 janvier 2001, 57 : AAS 93 [2001], 308, n°5).
Le prêtre doit être lui-même sacrement dans le monde de cette présence miséricordieuse : « Jésus n’a pas de maison car sa maison, ce sont les personnes, c’est nous, sa mission est d’ouvrir à tous les portes de Dieu, être la présence d’amour de Dieu » (IDEM, Audience générale du 27 mars 2013). C’est pourquoi nous ne pouvons pas enfouir ce merveilleux don surnaturel, ni le distribuer sans avoir les mêmes sentiments que Celui qui a aimé les pécheurs jusqu’au point suprême de la croix. Dans ce sacrement, le Père nous donne une occasion unique pour être, non seulement spirituellement, mais nous-mêmes, avec notre humanité, la douce main qui, comme le Bon Samaritain, verse l’huile qui soulage sur les plaies de l’âme (Lc 10,34). Nous les sentons comme nous appartenant ces mots du Souverain Pontife : « Un chrétien qui se referme sur lui-même, qui cache tout ce que le Seigneur lui a donné est un chrétien… il n’est pas chrétien ! C’est un chrétien qui ne rend pas grâce à Dieu pour tout ce qu’Il lui a donné ! Cela nous dit que l’attente du retour du Seigneur est le temps de l’action ̶ nous sommes dans le temps de l’action ̶ le temps où mettre à profit les dons de Dieu non pas pour nous-mêmes, mais pour Lui, pour l’Église, pour les autres, le temps où chercher toujours à faire croître le bien dans le monde. […] Chers frères et sœurs, envisager le Jugement dernier ne doit jamais nous faire peur ; au contraire, cela nous pousse à mieux vivre le présent. Dieu nous offre avec miséricorde et patience ce temps, afin que nous apprenions chaque jour à Le reconnaître chez les pauvres et chez les petits, afin que nous nous prodiguions pour le bien et que nous soyons vigilants dans la prière et dans l’amour. Que le Seigneur, au terme de notre existence et de l’histoire, puisse nous reconnaître comme des serviteurs bons et fidèles » ( Audience générale du 24 avril).