Évangile (Mt 5,1-12a)

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Commentaire

Aujourd’hui, l’Église commémore tous ceux qui ont eu une vraie amitié avec Dieu sur leur chemin terrestre et sont donc entrés dans sa gloire. Certains saints sont élevés sur les autels comme modèles de vertu et d’amour de Dieu. Mais beaucoup d’autres ont laissé une marque quotidienne de sainteté qui est peut-être passée inaperçue aux yeux des hommes, mais qui n’échappe jamais au regard attentif et aimant de Dieu.

« La Toussaint est la fête de la sainteté simple et discrète. La sainteté sans éclat apparent, qui semble ne laisser aucune trace dans l’histoire, et qui brille pourtant aux yeux du Seigneur, et sème dans le monde un amour dont rien ne se perd »[1]. Comme Évangile de la messe de ce jour de la Toussaint, la liturgie a choisi le passage des Béatitudes selon saint Matthieu, comme pour souligner qu’elles sont l’équivalent de la sainteté, à la fois de celle qui devient célèbre, pour ainsi dire, et destinée à certains, et de celle qui n’est pleinement connue qu’au Ciel.

Les évangiles recueillent deux versions du discours de Jésus sur les Béatitudes : celle de Luc, avec ses quatre Béatitudes et ses quatre Plaintes, et celle de Matthieu, qui est celle que nous contemplons aujourd’hui et qui comprend neuf Béatitudes. Matthieu nous montre Jésus enseignant au peuple, assis au sommet d’une montagne, se souvenant de Moïse, qui a donné aux Israélites les tables de la Loi après être resté au sommet du mont Sinaï avec Dieu. Jésus descend sur terre et enseigne avec autorité, pour amener cette première loi à sa plénitude, et invite les hommes à être parfaits comme son Père céleste est parfait (cf. Mt 5, 48).

Chacune des Béatitudes, avec son langage déconcertant, a suscité de nombreux commentaires tout au long de l’histoire de l’Église. En guise de synthèse, le Catéchisme explique qu’avant tout « les béatitudes dépeignent le visage de Jésus-Christ et en décrivent la charité »[2]. Jésus est le principal bienheureux car il a vécu sur terre en union d’amour avec le Père, ce qui est la plus grande joie, avant toute tribulation.

C’est pourquoi les béatitudes sont un recueil de sainteté et un appel à celle-ci, car elles « éclairent les actions et les attitudes caractéristiques de la vie chrétienne ; elles sont les promesses paradoxales qui soutiennent l’espérance dans les tribulations ; elles annoncent les bénédictions et les récompenses déjà obscurément acquises aux disciples ; elles sont inaugurées dans la vie de la Vierge Marie et de tous les saints »[3].

Jésus nous invite, selon les mots du Pape François, « à nous engager sur le chemin des Béatitudes. Il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires, mais de suivre chaque jour ce chemin qui nous mène au ciel, en famille, à la maison. Aujourd’hui nous entrevoyons donc notre avenir et nous fêtons ce pour quoi nous sommes nés : nous sommes nés pour ne plus jamais mourir, nous sommes nés pour jouir du bonheur de Dieu ! Le Seigneur nous encourage et à celui qui prend le chemin des Béatitudes, il dit : « Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux» (Mt 5, 12). Que la Mère de Dieu, Reine des saints, nous aide à parcourir avec détermination le chemin de la sainteté ; qu’elle, qui est la Porte du ciel, introduise nos chers défunts dans la famille céleste »[4]

[1]Message de Fernando Ocáriz, Prélat de l’Opus dei (1.11.17)

[2] C.E.C. n. 1717

[3] Ibid.

[4] Pape François. Angelus. 1er nov. 2018

 

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