L’année de la foi s’ouvrait il y a tout juste un an. Pierre Laffon, étudiant à l’Université pontificale de la Sainte Croix, propose un retour en chronique sur une année historique qui se conclura solennellement le 24 novembre.

annee-de-la-foi-saint-pierre-de-rome-large11 Octobre 2012Ouverture de l’année de la foi

Des centaines de mitres s’avancent dans l’allée centrale de la place saint-Pierre. Les évêques effectuent une procession majestueuse et prennent place en jetant un coup d’œil sur l’Évangéliaire exposé sur l’autel. Tout rappel l’ouverture du Concile Vatican II, 50 ans auparavant. Pourtant, c’est bien l’année de la foi qu’inaugure le Pape. Qui aurait cru ce beau jeudi d’octobre aux évènements extraordinaires que connaîtrait l’Eglise au cours de cette année ? Qui aurait pu imaginer que ce serait au Pape lui-même de donner l’exemple en obéissant, plein de foi, aux plans de Dieu pour son Eglise ? S’il y a tant de mitres en cette messe c’est que le Pape a convoqué des évêques du monde entier pour le synode sur la nouvelle évangélisation : trois semaines de travail, de prières et de réflexions pour apporter la foi dans tous les recoins de la terre.

8 Décembre- La joie de Marie

Fête de l’immaculée conception, place d’Espagne. Le Saint Père est attendu par une foule de pèlerins pour honorer la sainte Vierge, au pied d’une belle statue de l’immaculée conception. En cette fête, la tradition romaine est belle : le plus jeune pompier de la ville éternelle grimpe sur la grande échelle et remplace le collier de fleurs de sainte Marie. Benoît XVI médite alors sur la foi empreinte de joie de la Vierge le jour de l’incarnation du Christ : « la Grâce apporte la véritable joie, qui ne dépend pas de la possession des choses, mais est enracinée à l’intérieur, au plus profond de la personne, et que rien ni personne ne peut enlever de la Vierge ». Ces paroles sont aussi incarnées dans la vie de Benoît XVI ; en témoignent sa paix intérieure et son sourire les jours suivants sa démission.

25 décembre- Les bergers pour exemple

L’année de la foi est aussi un examen de conscience. En cette nuit de Noël, Benoît XVI invite les croyants à réfléchir sur les véritables priorités de leur vie. Le Pape conclut son homélie en donnant pour exemple l’attitude des bergers à l’annonce de la naissance du sauveur : « Les bergers sont partis en hâte. Une sainte curiosité et une sainte joie les poussaient. Parmi nous, il arrive peut-être très rarement que nous nous hâtions pour les choses de Dieu. Aujourd’hui, Dieu ne fait pas partie des réalités urgentes. Les choses de Dieu, ainsi pensons-nous et disons-nous, peuvent attendre. Pourtant, il est la réalité la plus importante, l’Unique qui, en dernière analyse, est vraiment important. Pourquoi ne devrions-nous pas être pris, nous aussi, par la curiosité de voir de plus près et de connaître ce que Dieu nous a dit ? »

11 Février 2013- La foi à l’épreuve

Le choc. Benoît XVI annonce sa démission. Les cardinaux se sont réunis pour plancher officiellement sur quelques causes de canonisation mais Benoît XVI profite de cette réunion des princes de l’Eglise pour annoncer sobrement une décision historique : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien ». Les chrétiens sont d’abord inquiets. Mais le Pape rassure le peuple des fidèles : d’abord par cette paix qu’il respire et transmet ; ensuite par la pédagogie avec laquelle il explique sa décision qu’il décrit comme une « ascension du mont pour se consacrer encore davantage à la prière et à la méditation et continuer à servir l’Eglise avec le même dévouement et le même amour  ». Ce mois est à la fois singulier et ordinaire. Rien ne change dans le programme du Pape et pourtant la situation est unique dans l’histoire de l’Eglise. Le Pape s’exprime lors de l’Angelus, des audiences et messes habituels. Il accomplit son devoir jusqu’au bout. Sa dernière audience fera office d’adieu.

CAPTUR~127 février 2013- Sommet de l’année de la foi

La nuit de la démission un éclair foudroie le dôme de saint Pierre. Mais le jour de la dernière audience de Benoit XVI, c’est un soleil quasi printanier qui accueille les pèlerins venus en masse pour saluer une dernière fois le vicaire du Christ. Cette audience est unique en intensité, émotion et recueillement. Benoît XVI livre une dernière leçon et montre sa profonde vision surnaturelle des évènements qui secouent l’Eglise, « une barque que conduit le Seigneur ». Cette audience est un peu le sommet de l’année de la foi. Le Pape aide son peuple à regarder l’Eglise d’hier et de demain avec les yeux de la foi. Le lendemain, jour de l’entrée en vigueur de la démission, les chrétiens seront orphelins… Puis, comme Jésus avant son ascension, Benoît XVI donne ses dernières consignes, pleines d’espérance : « Je voudrais vous inviter tous à renouveler votre ferme confiance dans le Seigneur, à nous confier comme des enfants dans les bras de Dieu, sûrs que ses bras nous soutiennent toujours et sont ce qui nous permet de marcher chaque jour, même dans la difficulté. »

Mercredi 13 mars- Habemus Papam !

Il est 19:06 et c’est une belle fumée blanche qui s’échappe de la cheminée de la chapelle Sixtine. Nous avons un Pape ! Les rues de Rome s’affolent et la foule converge d’un pas pressé vers la place Saint-Pierre. La foi demandée par Benoît XVI lors de sa dernière audience a « payé ». C’est un Pape venu « du bout du monde ». Ses premières déclarations remplissent de joie le peuple chrétien. Après que le peuple de Rome et son nouvel évêque  ont prié, le Pape François dit chaleureusement : « Bonne nuit et reposez vous ». La place saint Pierre se vide lentement… Un groupe de jeunes prolongent la fête et célèbrent l’évènement en dansant autour d’un joueur de flute.

3453817_3_0ca1_le-pape-francois-aux-journees-mondiales-de-la_0ebf2acd58eaf06f4126fb26c52f4d0dJuillet 2013- Premières JMJ du Pape François

Tous sont séduits par le nouveau Pape : les pauvres auxquels il rend visite, les autorités, les brésiliens, et surtout les jeunes. A Rio, le Pape montre l’ampleur de sa bonté toute chrétienne. Il est proche de son peuple. Il sait parler aux foules. Un Argentin au Brésil,  la partie n’était pas gagnée d’avance disaient les inquiets.  C’est par une blague que  le Pape François écarte toute arrière pensée : « si le Pape est argentin, Dieu est brésilien » répond-il à un journaliste… Sur la plage de Copacabana, il harangue la foule des jeunes à jouer pour « l’équipe de Jésus »… Le courant passe.

7 septembre 2013- Foi pour la Syrie

Le Pape François demande plus de foi. Le conflit en Syrie le peine plus que tout. Les grands se lient entre eux pour faire la guerre. Le Pape répond en convoquant une veillée de prière. Son discours fait part de son inquiétude mais est aussi rempli de foi et d’espérance : « Est-il possible de parcourir la voie de la paix ? Pouvons-nous sortir de cette spirale de douleur et de mort ? Pouvons-nous apprendre de nouveau à marcher et à parcourir les chemins de la paix ? En invoquant l’aide de Dieu, sous le regard maternel de la Vierge Salus populis romani, Reine de la paix, je veux répondre : Oui, c’est possible à tous ! »

Octobre 2013- Providentiel

Flashback : 1968. L’Europe est secouée par des révoltes qui changeront et troubleront l’occident. Cette année-là, l’Eglise vivait aussi une année de la foi à l’initiative de Paul VI, une initiative « providentielle » selon les termes de Benoît XVI pour surmonter avec foi cette crise de société. Providentielle, cette année de la foi 2012-2013 l’a été tout autant. Sans elle, le peuple, les cardinaux, le Pape et le Pape émérite n’auraient pas reçu tant de grâces pour surmonter les tempêtes et guider en terres inconnues la barque de Pierre. En voyant la joie, l’enthousiasme et l’espérance que donne notre nouveau Pape, la lettre Porta Fidei,  qui ouvrait un an auparavant l’année de la foi, sonne avec des résonnances prophétiques : « La foi rend fécond, parce qu’elle élargit le cœur dans l’espérance et permet d’offrir un témoignage capable d’engendrer : en effet elle ouvre le cœur et l’esprit de tous ceux qui écoutent à accueillir l’invitation du Seigneur à adhérer à sa Parole pour devenir ses disciples. »

 

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