« L’onction » de Dieu qu’est chargé de transmettre le prêtre n’est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l’huile deviendrait rance et le cœur amer ». Pape François.

Benoît XVI et Jean-Paul II  nous ont éclairé  sur le mystère du sacerdoce et ont encouragé les vocations. Lors de la messe chrismale, notre Pape François nous enseigne sur la vie sacerdotale. Sachons nous imprégner des si riches enseignements de nos Papes successifs sur la beauté du sacerdoce, voici des homélies du Pape François et de Benoit XVI et quelques extraits du livre de Jean-Paul II « La vocation expliquée par le Pape » ( Ed. Le Laurier). 

                                                                                           Le sacerdoce vu par le pape François, messe christmale 2013 :

1(…) Les lectures et le psaume nous parlent de ceux qui ont reçu l’onction: le serviteur de Dieu chez Isaïe, le roi David, et Jésus, Notre Seigneur. Les trois ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent, est pour oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs. Leur onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés… Une très belle image de cet « être pour » du Saint Chrême est celle que nous offre le psaume : « On dirait un baume précieux, un parfum sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur les bords de son vêtement » (Ps 132 (133), 2). L’image de l’huile qui se répand – qui descend de la barbe d’Aaron jusqu’à la bordure de ses vêtements sacrés, est l’image de l’onction sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux confins de l’univers représenté par les vêtements.

Les vêtements sacrés du grand prêtre sont riches de symboles ; l’un d’eux est celui du nom des fils d’Israël inscrit sur les pierres d’onyx qui ornaient les épaulettes de l’éphod, dont provient notre actuelle chasuble, six noms sur la pierre de l’épaule droite, et six sur celle de l’épaule gauche (cf. Ex 28, 6-14). Sur le pectoral aussi étaient inscrits les noms des douze tribus d’Israël (cf. Ex 28, 21). C’est-à-dire que le prêtre célèbre en chargeant sur ses épaules le peuple qui lui est confié, et en portant leurs noms gravés en son coeur. Revêtir notre humble chasuble peut bien nous faire sentir, sur les épaules et dans notre coeur, le poids et le visage de notre peuple fidèle, de nos saints et de nos martyrs. De la beauté de la chose liturgique, qui n’est pas seulement un ornement et un goût pour les vêtements, mais la présence de la gloire de notre Dieu resplendissant en son peuple vivant et consolé, considérons-en l’action !

L’huile précieuse qui oint la tête d’Aaron ne se contente pas de parfumer sa personne mais se diffuse et atteint toutes les ‘périphéries’. Le Seigneur le dira clairement : son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction n’est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l’huile deviendrait rance … et le coeur amère.

(…) Le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie – je ne dis pas « jamais » car, grâce à Dieu, nos fidèles nous ‘volent’ l’onction -, perd le meilleur de notre peuple, ce qui est capable d’allumer le plus profond de son coeur de prêtre. Celui qui ne sort pas de lui-même, au lieu d’être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. Nous connaissons tous la différence : l’intermédiaire et le gestionnaire « ont déjà reçu leur récompense », et comme ils ne paient pas d’eux-mêmes, ni de leur coeur, ils ne reçoivent pas non plus un merci affectueux qui vient du coeur. De là provient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes et convertis en collectionneurs d’antiquités ou de nouveautés au lieu d’être des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’, – je vous demande d’être des pasteurs qui portent l’odeur des brebis! – pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d’hommes.

(…) Que le Père renouvelle en nous, chers prêtres, l’Esprit de Sainteté par lequel nous avons reçu l’onction, qu’Il le renouvelle en notre coeur de telle manière que l’onction rejoigne tous, même les ‘périphéries’, là où notre peuple fidèle en a le plus besoin et l’apprécie. Que nos fidèles nous sentent disciples du Seigneur, qu’ils comprennent que nous sommes revêtus de leur noms, et que nous ne cherchons nulle autre identité ; qu’ils puissent recevoir, par nos paroles et nos oeuvres, cette huile de joie que Jésus, l’Oint du Seigneur, est venu nous donner. Amen.

 

Le sacerdoce vu par Benoit XVI, Milan  juin 2012 :

Le pape a centré sa méditation sur le « don précieux » du sacerdoce, qui est « amour pour le Seigneur » et qui est ordonné à unir les fidèles à Jésus.

Chers frères et sœurs,

(…) Nous vivons en ce moment le mystère de l’Eglise dans sa plus haute expression, celle de la prière liturgique. Nos lèvres, nos cœurs et nos esprits, dans la prière ecclésiale, se font interprètes des nécessités et des désirs de l’humanité entière. Avec les paroles du psaume 118 nous avons supplié le Seigneur au nom de tous les hommes: «Mon cœur incline à pratiquer tes commandements … Que vienne à moi, Seigneur, ton amour». La prière quotidienne de la liturgie des heures constitue un devoir essentiel du ministère ordonné dans l’Eglise. A travers l’Office divin, qui prolonge dans la journée le mystère central de l’Eucharistie, nous sommes unis de façon particulière à Jésus, vivant et à l’œuvre dans le temps. Le sacerdoce: quel don précieux! Vous chers séminaristes, qui vous préparez à le recevoir, apprenez à le goûter dès aujourd’hui et vivez avec engagement le temps précieux du séminaire! (…)

Si le Christ, pour édifier son Eglise, se livre entre les mains des prêtres, eux à leur tour doivent se confier à Lui sans réserve: l’amour pour le Seigneur Jésus est l’âme et la raison du ministère sacerdotal, comme Il l’a dit avant de donner à Pierre la mission de paître son troupeau: «Simon …, m’aimes-tu plus que ceux-ci? … Paix mes agneaux (Jn 21,15)». Le Concile Vatican II a rappelé que le Christ «demeure toujours la source et le principe d’unité de leur vie. Les prêtres réaliseront cette unité de vie en s’unissant au Christ dans la découverte de la volonté du Père, et dans le don d’eux-mêmes pour le troupeau qui leur est confié. Assumant ainsi le rôle du Bon Pasteur, ils trouveront dans l’exercice de la charité pastorale le lien de la perfection sacerdotale qui assure l’unité de leur vie et de leur action » (Presbyterorum Ordinis, 14). Le Concile a expliqué à ce propos que dans les occupations diverses, heure après heure, l’unité de la vie, l’unité de l’être du prêtre se trouve justement dans cette source d’amitié profonde avec Jésus, dans la relation intérieure avec Lui. Et il n’y a pas d’opposition entre le bien personnel du prêtre et sa mission; au contraire, la charité pastorale est l’élément unifiant de la vie, qui naît d’un rapport toujours plus intime avec le Christ dans la prière pour vivre le don total de soi-même pour le troupeau, de façon que le peuple de Dieu grandisse dans la communion avec Dieu et soit manifestation de la communion de la très sainte Trinité. Chacune de nos actions, en effet, a pour but de conduire les fidèles à l’union avec le Seigneur et à faire ainsi grandir la communion ecclésiale pour le salut du monde. Les trois éléments: union personnelle avec Dieu, bien de l’Eglise, bien de l’humanité dans sa totalité, ne sont pas distincts ou opposés, mais ils sont une symphonie de la foi vécue.

Pope Celebrates Solemnity Of The EpiphanyLes signes lumineux de cette charité pastorale et d’un cœur indivis sont le célibat sacerdotal et la virginité consacrée. Nous avons chanté dans l’hymne de saint Ambroise: «si en toi naît le Fils de Dieu, garde la vie pure». «Accueillir le Christ – Christum suscipere» est un thème qui revient souvent dans la prédication du saint évêque de Milan; je cite un passage de son commentaire de saint Luc: «Qui accueille le Christ dans l’intimité de sa maison est comblé des plus grandes joies» (Commentaire sur l’Evangile de saint Luc, V, 16). Le Seigneur Jésus a été sa passion, le sujet principal de sa réflexion et prédication, et surtout l’objet d’un amour vivant et confiant. Bien sûr, l’amour pour Jésus vaut pour tous les chrétiens, mais il a une signification particulière pour le prêtre célibataire et pour celui qui a répondu à la vocation à la vie consacrée: c’est toujours et seulement en Christ que se trouve la source et le modèle pour redire quotidiennement « oui » à la volonté de Dieu. « Par quel lien le Christ est-il lié à nous?» – se demandait saint Ambroise, qui a prêché et encouragé la virginité dans l’Eglise, avec une intensité étonnante, promouvant aussi la dignité de la femme. A cette question, il répondait: «non pas en nouant des cordes, mais avec les liens de l’amour et avec l’affection de l’âme» (De virginitate, 13, 77). Dans un célèbre sermon pour les vierges, il dit: « Le Christ est tout pour nous: si tu désires soigner tes blessures, il est médecin ; si tu es affligé de la morsure de la fièvre, il est source; si tu es oppressé par la faute, il est justice; si tu as besoin d’aide, il est puissance; si tu as peur de la mort, il est vie; si tu désires le paradis, il est chemin; si tu repousses les ténèbres, il est lumière; si tu es en recherche de nourriture, il est aliment» (Ibid., 16, 99).

(…) Demandons avec confiance à la source de tout don de rendre toujours fécond le ministère des prêtres, de fortifier le témoignage des personnes consacrées, pour montrer au monde la beauté du don de soi au Christ et à l’Eglise, et de renouveler les familles chrétiennes selon le dessein de Dieu, pour qu’elles soient lieu de grâce et de sainteté, terres fertiles pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Amen. Merci.

                                                                                              Extraits de « La vocation expliquée par le Pape » de Jean-Paul II :

J-Paul II– Suis-moi : Jésus le dit maintenant à chacun de vous. Suis-moi dans tout ce qui fait ta vie, heureuse ou difficile. Suis-moi par la foi, par l’espérance, par l’amour. Suis-moi en fondant une famille : c’est la vocation du plus grand nombre. Suis-moi dans le service de tes frères, dans la solidarité avec ton peuple, c’est aussi la vocation de tous.
Suis-moi en consacrant ta vie comme prêtre, comme religieux ou religieuse, c’est la vocation de quelques-uns pour que la présence du Christ soit signifiée dans son Église.

– J’aimerais vous poser une question, à chacun : Que vas-tu faire de ta vie ? Quels sont tes projets ? As-tu pensé parfois à donner totalement ton existence au Christ ? Crois-tu qu’il puisse y avoir quelque chose de plus grand que de porter Jésus aux hommes et les hommes à Jésus ?

– Mettez-vous à l’écoute du Seigneur, le grand ami. Il vous regarde dans les yeux et vous parle cœur à cœur dans l’intimité de la prière personnelle… Soyez certains qu’il vous illuminera et vous aidera à découvrir et aimer le sens et la valeur de la vocation. Qui sait si aujourd’hui, au cours de cette rencontre en son nom, il ne veut pas vous dire un de ses secrets ? S’il en était ainsi, n’endurcissez pas votre cœur (cf. He 3, 8). C’est seulement dans la disponibilité à la voix de Dieu que vous pourrez trouver la joie de devenir totalement vous-mêmes.

– L’appel de Dieu est une déclaration d’amour. Votre réponse est don, amitié, amour manifesté dans l’offrande de sa propre vie et comme participation permanente à sa mission et à sa consécration. Etre fidèle au Christ veut dire l’aimer de toute son âme et de tout son cœur, de sorte que cet amour soit la norme et le moteur de toutes nos actions.

jean-paul-ii-21– Il y a une manière merveilleuse de réaliser l’amour dans la vie : il s’agit de la vocation à suivre le Christ dans le célibat librement choisi ou dans la virginité pour l’amour du Royaume des cieux. Chacun et chacune peut se demander sérieusement si Dieu ne l’appelle pas à l’un de ces chemins. Et à tous ceux qui pensent avoir cette vocation : priez avec ténacité pour avoir la clarté nécessaire, mais ensuite, décidez un oui joyeux.

– Vous êtes jeunes et vous désirez vivre. Mais vous devez vivre avec plénitude et avec un but. Vous devez vivre pour Dieu, pour les autres. Personne ne peut vivre sa vie pour lui-même. L’avenir est à vous […], mais l’avenir est surtout un appel et un défi pour trouver votre vie en la donnant, en la perdant, en la partageant grâce au don amoureux aux autres. Le Christ a dit : « Celui qui aime sa vie la perd : et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle » (Jean 12, 25). La mesure du succès de votre vie dépendra de votre générosité.

Lire le message de Benoit VI pour la XLIX Journée Mondiale de prières pour les vocations: http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/vocations/documents/hf_ben-xvi_mes_20111018_xlix-vocations_fr.html

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