GIANNI SCHIDO EST UN RELIGIEUX ITALIEN MEMBRE DE LA COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE DES SERVITEURS DU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE. IL EST ÉGALEMENT ÉTUDIANT BOURSIER À L’UNIVERSITÉ PONTIFICALE DE LA SAINTE-CROIX. TESTÉ POSITIF AU CORONAVIRUS, MAIS ASYMPTOMATIQUE, IL RACONTE COMMENT CET ISOLEMENT L’A CONDUIT À FAIRE MÉMOIRE DE SON ITINÉRAIRE.

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GIANNI SCHIDO, RELIGIEUX ITALIEN, BOURSIER DE FORDEF-DPTN.

“Raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a eu pitié de toi” (Mc 5,19).

Cette phrase me donne beaucoup de courage et d’espérance. Pas seulement parce que je suis aujourd’hui frère religieux à l’Institut des Serviteurs du Cœur Immaculé de Marie, mais plus généralement pour toute mon histoire, depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui. Ce virus nous rappelle que la vie est imprévisible. Plusieurs membres de ma communauté sont positifs. Mais grâce à Dieu l’état des malades n’est pas inquiétant. Pour ma part, je suis asymptomatique. Malgré cela, nous sommes contraints à une mise en quarantaine et à un isolement strict pour éviter d’infecter d’autres membres de la communauté, en particulier les personnes âgées. Certains de mes frères qui n’ont pas le Covid-19 s’engagent à nous servir avec une grande générosité.

Un « Oui » à Dieu sans réfléchir

J’ai grandi dans les Pouilles, en Italie, une terre magnifique avec des plages paradi- siaques. Là, j’ai étudié, joué au foot, été à la plage et fréquenté la paroisse par habitude, comme beaucoup de jeunes. J’ai commencé à penser à Dieu à l’âge de 13 ans en fréquentant la communauté religieuse dont je suis désormais frère. Pour rapprocher les jeunes du Seigneur, cette communauté organisait des journées ludiques, pleines de jeux et de joie, avec la Messe ou des moments de prière. J’aimais beaucoup y aller et j’étais très touché par la joie des séminaristes. Peu à peu, j’ai commencé à avoir une vie chrétienne. Or un jour, un prêtre, à l’issue d’une confession, m’a demandé si je voulais faire une expérience au séminaire. À dire vrai, je ne savais même pas ce qu’était le séminaire ! Je savais seulement que des garçons sympathiques et joyeux y habitaient. Alors j’ai dit « oui », sans réfléchir.

J’ai quitté le noviciat

Après une période d’essai au séminaire, j’ai senti que la vie avec Jésus était ce que je désirais. Mais, au noviciat, dix années se sont écoulées et ma relation avec Dieu s’est peu à peu transformée en relation formelle. Je faisais tout pour pouvoir me sentir juste en face de Dieu, pour mériter son amour. Théoriquement, je savais que Dieu m’aimait, mais dans les faits, je le considérais comme un juge, un enseignant, ou un maître avec ses serviteurs. Au fond, je pensais qu’il fallait être juste et parfait pour que Dieu nous aime. Cette façon de penser s’est enracinée si profondément en moi, que tout devenait insupportable. Si bien que sur les conseils des formateurs, j’ai quitté le noviciat et suis rentré chez moi. J’étais en colère contre Dieu. Je lui ai dit : « Je vous ai servi pendant toutes ces années. J’ai fait ce que vous vouliez. J’ai sacrifié les meilleures années de ma vie et vous me traitez comme ça !? Désormais, c’est moi qui vais décider de ma vie ! » Alors, j’ai commencé à vivre mes pro- jets, à travailler avec mon père et à planifier mon futur : je voulais commencer à étudier pour devenir professeur de lettres, rencontrer une fille et m’amuser avec mes amis. À cette époque, j’ai commencé diverses activités pour combler un vide en moi.

Le retour au Père

Plus tard, un prêtre que j’appréciais m’a in- vité à passer quelques jours à Fatima dans une de nos communautés. Je n’étais pas intéressé mais j’ai cédé. Je devais y rester trois jours mais comme les frères avaient besoin de quelqu’un pour tenir leur magasin d’objets religieux, j’y suis resté trois mois ! Sans m’en rendre compte, j’ai retrouvé confiance en Dieu, la beauté de servir et de prier. Pendant cette période, deux prêtres ont été très proches de moi. Ils priaient et me rendaient souvent visite, non par intérêt personnel ou pour me ramener au sémi- naire. Non. Ils l’ont fait pour moi, de façon désintéressée, et cela m’a profondément touché. À mon retour de Fatima, j’étais rem- pli de gratitude et j’ai choisi de donner ma vie à Dieu. »

Ce confinement m’a davantage uni à Dieu qui m’a demandé d’offrir de petits sacrifices pour être proche de nombreuses personnes qui meurent seules et loin des sacrements. La solitude m’a aussi amené à réfléchir sur la façon dont les occupations de la vie m’ont souvent conduit à négliger l’essentiel : connaître Dieu et Le faire connaître. Grâce aux technologies, j’ai pu me faire proche des personnes seules et malades que je connaissais et j’ai beaucoup prié pour elles. Par ailleurs, Dieu s’est servi de ce temps pour me refonder intérieurement, notamment en faisant mémoire de Son action dans ma vie.

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